Manuel Valls est venu prendre la température sur le terrain. Il s’est rendu ce lundi en terres valdoisiennes, à Osny. Suite aux mesures annoncées le 9 juin dernier en faveur des PME et des TPE, le premier ministre a visité Le Câblage français, société spécialisée dans l’étude, la réalisation, l’installation et la maintenance de câblages et d’équipements électriques et électroniques pour l’aéronautique, l’automobile et les domaines militaires. Les représentants du patronat dans le département étaient également présents pour échanger, évoquer leurs difficultés et leur quotidien avec le ministre. Manuel Valls a d’ailleurs réaffirmé le souhait du gouvernement, « qui se veut pro-entreprise, pro-business et l’assume », d’aider et d’accompagner au mieux les entreprises pour faire face à la conjoncture.
Branle bas de combat pour la cinquantaine de salariés présents sur le site d’Osny. Pour Vincent Durand, directeur général, qui a accompagné le ministre tout au long de la visite, l’événement est tout aussi inattendu. « Sa venue est valorisante pour toute l’équipe, c’est une manière de mettre en avant notre savoir-faire vis à vis de nos donneurs d’ordre », précise le dirigeant. Equipementier et sous-traitant, créé en 1970, LCF travaille pour des grands comptes tels que Dassault ou Renault (câblage de haute technicité pour la formule 1 par exemple). La PME s’est également implantée à Istres en 2000 pour se rapprocher de ses donneurs d’ordre. Vincent Durand n’a pas caché que la période était compliquée et avait entrainé la fermeture d’un 3e site, implanté à Mérignac, employant une quinzaine de personnes. « Notre carnet de commandes a baissé en fin d’année. Toutefois, de nouvelles commandes fermes devraient nous permettre de monter à nouveau en cadence dans les 8 à 12 mois. » Une situation conjoncturelle qui a remis sur la table des échanges la problématique de la réactivité et de la flexibilité sur l’emploi.
Après un tour de l’entreprise, le premier ministre s’est entretenu un long moment avec les dirigeants de la société et représentants des entreprises du département lors d’un tour de table : Pierre Kuchly (CGPME 95) ; Frédéric Vernhes (CCI Val d’Oise), Michel Jonquères (MEVO – MEDEF), Yves Helie (Capeb 95), Nicolas Sablier (FFB95) ou encore Henri Rousseau (parcs d’activités des Beaux Soleils). Manuel Valls a pu mesurer l’accueil réservé au projet en faveur des PME – PMI présenté quelques jours auparavant (voir ci-dessous).
Questionné par le premier ministre, Vincent Durand a lui évoqué les difficultés de recrutement, la mise en place du parrainage en interne pour assurer la formation des collaborateurs, le CICE, bonne mesure, saluée par tous, qui a apporté une bouffée d’air, et permis de maintenir des emplois. Les représentants des entreprises ont pour certains pointé du doigt un climat dégradé, des carnets de commandes faibles et une croissance vacillante qu’ils jugent encore peu perceptible.
Autres sujets de discussion : l’apprentissage et la formation des jeunes, l’export, la future répartition de la taxe d’apprentissage, la volonté de poursuivre le choc de simplification, la fraude aux travailleurs détachés… Les intervenants ont aussi appelé à la stabilité, afin que les dispositions prises le soient de manière pérenne, la seule manière, selon eux, de voir revenir la confiance.
Bilan des courses : un coup de projecteur inattendu et bienvenue pour cette belle PME représentative du tissu économique valdoisien, le temps d’un déplacement ministériel express ;
Des dirigeants qui ont pu faire passer des messages en haut lieu, mais des réponses sans doute trop convenues et politiciennes; un positivisme de mise du côté du ministre que les acteurs économiques, au quotidien sur le terrain, ne partagent pas forcément, même si évidemment, ils ont envie d’y croire !
Les grands points du projet présentés par Manuel Valls
Parmi les mesures annoncées, les petites entreprises qui embaucheront un premier salarié bénéficieront d’une prime à l’embauche de 4 000 euros (2 000 euros la première année et 2 000 euros la seconde année). Elle cible les entreprises n’ayant jamais eu de salarié ou n’en ayant pas eu depuis au moins 12 mois.
Autre mesure : le recours aux prud’hommes : un plafond et un plancher aux indemnités que l’employeur devrait verser dans le cas d’un licenciement contesté aux prud’hommes seront instaurés. Ce plafonnement variera selon la taille de l’entreprise, l’ancienneté du salarié licencié et le motif du licenciement.
Les entreprises pourront renouveler les CDD deux fois, au lieu d’une, mais la durée maximale du CDD reste de dix-huit mois en tout. Les petites entreprises qui passent un seuil (11, 20 ou 50 salariés) ne verront pas leur situation changer pendant trois ans. Les prélèvements sociaux et fiscaux liés à leur nouvelle situation n’interviendront qu’au terme de ce gel de 3 ans. Toutes les obligations (versement de nouvelles cotisations, déclarations administratives supplémentaires) qui s’enclenchent à partir de 9 et 10 salariés seraient relevées à 11 salariés.
Enfin, pour lutter contre la fraude au détachement de travailleur, les contrôles et les sanctions seront accrus contre les travailleurs détachés en situation irrégulière, en particulier dans les secteurs les plus touchés : l’agriculture et la construction.
Les autres mesures portent sur les sujets précis : allongement à cinq ans des accords de maintien de l’emploi, allongement de la période d’essai des apprentis, soutien à la trésorerie des petites entreprises par un meilleur respect des délais de paiement, réexamen des condamnations de chefs d’entreprise pour faute de gestion dans le cadre d’une faillite…