par Audrey Le Meur | 22 Juin, 2020 | A la une, Actualitēs, Conjoncture, Emploi
Kevin Hennequin et Vincent Broussard dirigent la société ASTC à Jouy le Moutier, entreprise créée par leurs pères en 1999, dont ils reprennent les rennes en 2017. La société, spécialisée en chaudronnerie et installation de groupes électrogènes, compte aujourd’hui 27 salariés et connait un développement continu avec un chiffre d’affaire de 3,4 millions d’euros en 2019 (contre 2,4 millions en 2017). Comme toutes les entreprises, ils ont dû faire face aux mesures de confinement annoncées par le gouvernement en mars : entre stupeur, angoisse, résignation, ces deux dirigeants prévoyants et résolument optimistes, racontent les différentes étapes par lesquelles ils sont passés jusqu’à la reprise progressive de l’activité. Leur botte secrète : une gestion au cordeau pour parer à toute éventualité, des partenaires de confiance à leurs côtés et une rigueur administrative sans faille afin de cadrer l’ensemble des risques professionnels.
Comment avez-vous vécu l’annonce du confinement ?
Nous ne l’avons pas vraiment « vu venir ». J’étais en clientèle à Lyon pour un partenariat avec un fournisseur. Le 16 mars, nous avons tout rangé dans l’atelier, mis les choses à plat et quitté les locaux pour fermer l’entreprise, tout en projetant de préparer sans attendre la reprise. Au départ, nous avons eu peur car nous avons de gros enjeux financiers, avec plus d’un million d’encours en banque du fait des nombreux investissements réalisés. Les questions affluent : comment va-t-on pouvoir tout assumer si le chiffre d’affaires plonge ? Par où commencer ? Nous nous sommes sentis perdus et dépassés. Heureusement, notre expert-comptable (DMP à Conflans), qui a été notre interlocuteur privilégié durant toute cette période, nous a beaucoup aidés. Avec mon associé et notre assistante, nous sommes revenus au bureau plusieurs jours par semaine pendant le confinement pour gérer l’aspect administratif. Le reste du temps, j’ai réussi à faire la part des choses et profité pleinement de ma fille de 2 ans, que je vois peu en temps normal. Nous avons pu partager des moments privilégiés.
Quelles ont été les premières mesures prises en interne ?
Nous avons immédiatement regardé quels étaient les leviers que nous pouvions activer. Nous avons passé la première semaine au téléphone pour joindre les banques, les assurances, en lien avec notre comptable afin de procéder à des pauses d’échéances bancaires, de mensualités d’assurance et à des reports de cotisations URSSAF (pendant trois mois). Puis, nous avons mis en place des mesures de chômage partiel pour nos salariés.
Comment évaluez-vous le préjudice causé par le confinement ?
Nous avons enregistré une perte de chiffre d’affaires que nous ne pourrons pas rattraper. Je fais un reporting mensuel très précis de la facturation par secteur ainsi que des dépenses, ce qui me permet d’apprécier les résultats nets de l’entreprise. En mars, l’entreprise n’a pas perdu d’argent, mais nous avons accusé un résultat négatif en avril. Néanmoins, nous nous étions préparés depuis longtemps à une possible crise et en avons déjà traversé plusieurs. Nous savons qu’il faut anticiper et être prêts à faire face à ces périodes plus difficiles. C’est pourquoi, chaque année, les bénéfices sont mis de côté : nous avons fait le choix de ne pas distribuer de dividendes pour assurer la pérennité de la société en cas de coup dur.
De quelle façon avez-vous vécu cette période ?
Il a fallu faire toutes les démarches, ce qui n’a pas été sans mal : les sites étaient saturés, les formats de fichiers incompatibles, les interlocuteurs injoignables… La complexité administrative nous a donné quelques cheveux blancs, mais heureusement, notre comptable a tout géré. Sans lui, cela aurait été bien plus compliqué. Dès le 20 avril, nous avons redémarré doucement la production en atelier. Nous n’avions pas de commandes, mais avons recommencé à fabriquer des pièces standard pour recréer du stock afin de prendre un peu d’avance, être prêts et plus disponibles au redémarrage. Grâce à notre avance de trésorerie, nous n’avons pas eu de difficultés pour nous avancer l’achat des matières premières. Nous avons dès lors communiquer auprès de nos clients sur notre réouverture partielle. Nous étions l’un des rares ateliers ouverts sur le secteur. De premières commandes sont arrivées dès la fin du mois d’avril. Deux de nos compagnons sont revenus sur la base du volontariat pour intervenir sur les chantiers, tandis que notre dessinateur a repris en télétravail et nous avons pu commencer à refacturer progressivement.
Comment s’est orchestrée la reprise pour les équipes ?
Le 11 mai, six de nos collaborateurs étaient de retour sur les chantiers. La plupart étaient confiants, sans appréhension particulière. Pour chaque chantier, nous avons dû élaborer un nouveau document de sécurité (PPSPS) afin de formaliser et d’appliquer les mesures de prévention liées au COVID. Il a fallu reprendre une cinquantaine de documents administratifs, un travail fastidieux de plusieurs jours. Sur les chantiers les règles fixées sont sans appel : le port du masque est obligatoire, avec un risque d’exclusion d’une journée pour non-respect des consignes et une exclusion définitive en cas de récidive du collaborateur. Nous leur avons fourni tout le nécessaire et bien insisté sur le respect de ces prérogatives (désinfection des outils, des véhicules…). Nous faisons régulièrement des points COVID pour leur rappeler les directives à suivre car l’organisation sur les chantiers reste une grosse difficulté. La crise n’a pas eu d’impact négatif sur le dialogue social. Au contraire, les collaborateurs avaient envie de revenir, de s’investir, ce qui reflète le climat général de l’entreprise. Nous consultons régulièrement nos équipes pour être dans l’échange permanent avec eux, ne pas prendre des décisions unilatérales et faire remonter les infos. S’ils souhaitent me parler, la porte est toujours ouverte.
Le confinement vous a-t-il permis d’avancer sur d’autres sujets ?
Nous avons pris le temps de répondre à des demandes de chiffrage qui étaient en attente. Mon associé Vincent a planché sur le développement de bornes de distribution de gel hydroalcoolique à pédale (baptisée station GHA et dont nous avons déposé le nom). Il a travaillé à la conception de plusieurs modèles et prototypes qu’il a conçus de A à Z, que nous commercialisons aujourd’hui. Cela répond à un besoin des entreprises et a permis d’élargir le champ de notre clientèle. Nous sommes associés dans ce projet à la SOCIETE SA Chimie, distributeur de gel hydroalcoolique, qui nous a beaucoup aidé à développer le produit et à le distribuer.Des travaux prévus de longue date ont également pu être réalisés durant le confinement avec l’installation d’une cuve d’azote liquide à l’extérieur des ateliers pour gagner en confort de travail.
Nous sommes fin juin, comment la reprise s’orchestre-t-elle depuis la sortie du confinement ?
L’ensemble des collaborateurs est présent depuis le 11 mai. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires et des résultats très importants sur ce mois de mai, supérieur aux mois de mai des années précédentes ! ASTC a enregistré une prise de commande très importante, ce qui nous permet d’avoir un planning de réalisation pratiquement plein jusqu’à fin d’année 2020. Cela n’était jamais arrivé ! Concernant l’avenir, et après discussions avec nos principaux clients, nous n’avons pas d’inquiétudes : leurs carnets de commandes sont pleins jusqu’en 2024 – 2025 ! A notre niveau, nous allons nous concentrer à prendre les dossiers les plus avantageux et nous atteler à créer des partenariats solides avec nos principaux clients.
www.astc95.com
Pour aller plus loin :
Les bons outils pour mieux passer la crise
par Audrey Le Meur | 27 Mai, 2020 | A la une, Actualitēs, Emploi
Le Groupe Cerba HealthCare, acteur majeur de la biologie médicale dans le monde, est mobilisé depuis le début de la crise aux côtés des soignants. Les collaborateurs engagés auprès des professionnels de santé et des patients, participent à la lutte contre la pandémie en réalisant quotidiennement les tests du COVID 19. Aujourd’hui, afin d’accroître ses capacités de tests dans un contexte de dépistage massif en France, le groupe recrute massivement et propose plus de 200 CDD, dont 60 postes chez Cerba, leader européen de la Biologie Médicale Spécialisée (Saint-Ouen l’Aumône). Ces postes sont répartis sur l’ensemble du département, en métropole mais aussi à La Réunion. Ils sont ouverts aux infirmiers, techniciens préleveurs, techniciens de laboratoire, secrétaires médicales, aides techniques, opérateurs de saisie : 👉recrutement@cerbahealthcare.com
par Audrey Le Meur | 18 Déc, 2019 | A la une, Actualitēs, Emploi, Formation
La cité de l’Avenir a organisé le 16 décembre dernier une rencontre à la CCI Val d’Oise afin de lancer la nouvelle promotion 2020 et de mettre en lumière la promotion 2019 (près d’une centaine de jeunes). Ce dispositif, porté par Annick Aubert, propose un accompagnement gratuit renforcé, complémentaire aux actions de Pôle Emploi et des missions Locales. Chefs d’entreprises, professeurs, artisans mettent compétences et expériences au service des jeunes de 16 ans et plus, en grandes difficultés, pour le retour à l’emploi ou en formation. La cité de l’Avenir les aide à retrouver le moral, à devenir acteurs de leur projet professionnel, renforce leur employabilité et leur mobilité professionnelle. Cette soirée a également permis de lancer le Club One, parrainé par Jean-François Benon, président du CEEVO, qui rassemble les anciens élèves, désireux d’aider à leur tour les jeunes qui frappe à la porte de l’association.
Avec bienveillance, « La cité de l’Avenir » accueille gratuitement toute personne, quel que soit son niveau de qualification. Il ou elle doit avoir le désir et la volonté de positiver son avenir. Il s’adresse aux jeunes déscolarisés, aux jeunes et aux adultes au RSA et aux habitants des quartiers prioritaires avec ou sans diplôme ; enfin, à tous ceux qui sont en difficultés. Les ateliers ont lieu tous les vendredis sauf durant les vacances scolaires, au sein de la CCI 95 à Cergy et tous bénéficient d’un suivi personnalisé journalier pendant plusieurs mois, grâce à l’aide de parrains.
Comme l’explique Annick Aubert, « au fil des années, La Cité de l’Avenir s’est affirmée, a grandi pour devenir un outil intergénérationnel qui plus que jamais a un sens grâce, à une équipe dynamique et à des partenaires issus de l’entreprise, de l’artisanat, du monde de l’enseignement. La valeur ajoutée de la Cité de l’Avenir, c’est de prendre du temps pour leur redonner confiance en l’avenir, sans jugement personnel, apporter un cadre où tous se retrouvent, se tendent la main. Cette alchimie positive se fait en dehors des interdits, de la discrimination, pour que nos jeunes, avec ou sans diplôme, puisent en eux la force de réussir. Nous ne sommes que le tremplin ou la perche pour leur atteindre l’avenir.
Beaucoup arrivent tête baissée, le visage est gris, sans sourire ni bonjour… Mais … petit à petit, ils sortent de leurs craintes, leur visage s’éclaircit, s’embellit et ils reprennent confiance. Leurs talents se découvrent et ils apprennent à s’en servir. Tous ont envie de changer le cours de leur histoire de vie, de prendre leur destin en main, en ayant un vrai projet, en étant responsable de leur avenir. Nous les aidons a remettre leur CV à jour, à se présenter en entreprise. Cette préparation passe aussi par de la sophrologie, des jeux de rôle. Nous les aidons à entrevoir d’autres possibilités que ce qu’ils avaient imaginé, activons tous les réseaux pour les aider à concrétiser leur projet. »
Contact : Annick AUBERT – aubert.lacitedelavenir@gmail.com – Tél. : 07 49 48 40 68
par Audrey Le Meur | 13 Nov, 2019 | A la une, Actualitēs, Emploi, Formation
Métiers du BTP, de l’industrie, de la restauration, de l’hôtellerie, chauffeurs… quel est le point commun entre tous ces secteurs d’activité ? Tous connaissent des problématiques de recrutement importantes ! Ces métiers en tension délaissés, mais souvent porteurs, offrent de réelles opportunités aux demandeurs d’emploi. Cependant, beaucoup n’ont pas les bagages adéquats. Des dispositifs de formation (comme la POEC avec Pole Emploi, ou des actions territorialisées mises en place en collaboration directe avec les entreprises) existent pour rapprocher les besoins en compétences avec les personnes en recherche d’emploi. Ces actions sur-mesure peuvent être déployées au sein de grandes structures tout comme des PME – PMI rencontrant des difficultés à l’embauche. Retour d’expériences et infos pratiques.
par Audrey Le Meur | 13 Nov, 2019 | Actualitēs, Emploi, Formation
Une solution existe : La POEC « Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective »
Objectifs
Permettre à des entreprises, via leur opérateur de compétence (OPCO) ou leur branche professionnelle, de former et/ou de recruter des candidats à un métier ou un poste en tension.
Bénéficiaires
Les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi, indemnisés ou non.
Les entreprises souhaitant recruter dans un métier ou un poste en tension, une ou plusieurs personnes en CDI, CDD de plus de 12 mois, contrat de professionnalisation de 12 mois ou plus, contrat d’apprentissage.
Procédure/Durée
400 heures dont un tiers maximum en entreprise (800 heures en cas de mobilisation du dispositif d’aide au projet d’inclusion de compétences numériques).
Le demandeur d’emploi a le statut de stagiaire de la formation professionnelle.
Financement
L’Etat, l’opérateur de compétence (OPCO) et/ou Pôle Emploi rémunère les stagiaires.
L’OPCO finance tout ou partie des frais pédagogiques.
L’état et Pôle Emploi peuvent cofinancer le coût de la formation (appel d’offre en amont pour les OPCO et signature d’une convention)
Pour en savoir plus
L’OPCO de votre entreprise
https://travail-emploi.gouv.fr/formation-professionnelle/formation-des-demandeurs-d-emploi/article/la-preparation-operationnelle-a-l-emploi-collective-poec
Pôle Emploi de votre territoire www.pole-emploi.fr
Lire le témoignage de Burger King
Burger King expérimente la « Préparation Opérationnelle à l’Emploi »
par Audrey Le Meur | 13 Nov, 2019 | A la une, Actualitēs, Emploi, Formation
Beaucoup d’outils d’aide à l’embauche restent encore mal connus des entreprises : en atteste « la Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective », dite POEC. Le groupe Burger King a recours à ce dispositif depuis quelques années, dans le cadre de son grand retour sur le territoire français.
Un accord a été négocié au niveau national avec Pôle Emploi, pour déployer la POECet accompagner l’ouverture des différents restaurants de l’enseigne. Dans le Val d’Oise, le site d’Osny a pu profiter de cette intervention dès 2017.
Deux ans plus tard, le restaurant d’Eragny (dont l’ouverture est prévue en décembre 2019) en bénéficie à son tour. Hervé Peretti, qui gère plusieurs établissements Quick Burger King dans l’Oise et le Val d’Oise, a pu évaluer sur le terrain l’intérêt de ce dispositif qui mêle recrutement et formation avant la prise de poste.
Pourquoi la franchise a-t-elle fait appel à Pôle emploi pour l’épauler ?
L’ouverture d’un restaurant Burger King nécessite de constituer une équipe de 40 à 100 collaborateurs, composée d’équipiers et d’encadrants. Identifier les profils et les potentiels est un enjeu important pour l’ouverture et la réussite du restaurant. Grâce à la convention nationale signée par Burger King avec Pôle emploi, les franchisés peuvent s’appuyer sur les dispositifs d’accompagnement au recrutement proposés par Pôle emploi. Ce partenariat permet de sécuriser les recrutements en offrant une phase d’intégration progressive dans l’entreprise aux demandeurs d’emploi.
Quel en est le principe ?
Le dispositif aide l’entreprise à sélectionner des candidats puis à les former, tout en bénéficiant de financements. Le restaurant d’Osny a été accompagné localement par le Pôle emploi de Cergy, qui a, dans un premier temps, fait paraitre des annonces afin de trouver des équipiers. Des salles ont été mises à notre disposition pour organiser les sessions de recrutement et procéder à la sélection des bons profils. Nous avons embauché 70 équipiers durant l’été 2017. Les futurs équipiers retenus ont ensuite bénéficié d’une formation de cinq semaines (trois semaines théoriques assurées par OPUS, organisme extérieur et indépendant, et deux semaines de formation pratique au sein d’un restaurant). L’ouverture, après les travaux de transformation, a eu lieu en janvier 2018.
La POEC est intéressante aussi bien pour l’employeur que le candidat. Pôle Emploi supporte une partie du coût de ces formations et, côté demandeurs d’emploi, poursuit, durant cette période, le versement des indemnités chômage, ou, selon les cas, octroie des indemnités de formation. Pour les postes d’équipiers, les profils retenus sont très variés : jeunes à la recherche de leur premier contrat de travail, étudiants disponibles plutôt en soirées et le week-end, salariés à la recherche d’un second emploi, mère de famille désireuse de travailler à temps partiel… Plus que des qualifications, nous nous intéressons aux aptitudes des personnes, à leur savoir-être et à leur potentiel.
Le dispositif, dans un secteur en tension tel que celui de la restauration, s’est-il avéré efficace ?
La formation complète est très bénéfique. Dès leur arrivée sur le poste, les équipiers sont tout de suite à l’aise et opérationnels. Au sein des restaurants, il y a des process stricts à suivre, au niveau de l’hygiène et de la sécurité, mais aussi des méthodes de production ou de service, qui concernent l’ensemble des salariés. Il est essentiel de les intégrer en amont afin d’offrir une prestation de qualité aux clients. Par ailleurs, s’impliquer sur une formation de plusieurs semaines traduit la volonté des candidats de s’engager et témoigne de leur motivation pour le poste. Nous avons constaté un turn-over plus faible avec ce dispositif. Cette méthode est maintenant mise en application pour recruter les collaborateurs du nouveau restaurant Burger King d’Eragny qui ouvrira ses portes fin décembre. Cette fois-ci, le recrutement est mené en partenariat avecle Pôle emploi de Saint-Ouen l’Aumône.

MEMO : Comment former pour recruter dans les métiers en tension ?